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D'AVENTURE EN AVENTURE

En fin de cette année 1981, Jacky Ickx allait réserver au Sport Automobile une surprise de taille.
En juin il a gagné les 24 Heures du Mans ; ça, nous le savons.
Ce qu'on ne savait pas, c'est qu'en janvier 1980, Jacky et l'acteur de cinéma Claude Brasseur étaient tous les deux assis à la terrasse d'un café, en train de faire bronzette au bord d'une piste de ski. Ils parlaient de voiture et précisément du raid Paris-Dakar qui était en train de se courir. Pour plaisanter, Jacky propose à Claude Brasseur d'y participer... pour s'amuser. A la surprise de Jacky, Claude à une réaction plutôt favorable et après plusieurs "piques" de ce genre c'est décidé, ils se mettent en quête de trouver voiture et sponsors.
La nouvelle viens de tomber : Jacky Ickx et Claude Brasseur prendront le départ du raid Paris-Dakar 1981.
Jacky choisi l'aventure pour s'amuser, mais, pour de l'aventure c'est de l'aventure ; plus de stand, plus de rails de sécurité, plus de chicane, mais du sable à perte de vue, un soleil de plomb, des rochers, de la boue et, la boussole, sinon pas de dodo le soir !
Au volant d'une Citroën CX à deux roues motrices, voilà notre tandem surprise en route pour, surtout la découverte. Durant les premières spéciales qui se déroulent en France, Jacky n'est pas très à l'aise. Il ne connaît pas encore le rythme qu'il faut adopter, s'il faut attaquer un peu, beaucoup... Pourtant, au départ de la première tape africaine il n'est que... 9e. A l'arrivée il est premier !
Il conservera cette position jusqu'à seulement quelques jours du but, quand un tonneau met fin à ce qui aurait pu être ce qu'on appelle... une victoire.
Ce qu'il y a quand même d'incroyable chez "ce" Jacky Ickx, c'est que c'est la première fois qu'il met les pieds en Afrique (ou plutôt, les roues), sans rien y connaître, il se retrouve, sans s'en soucier, devant les habitués du tout terrain, les spécialistes.
D'un peu plus il gagne, et ma foi, c'est comme ça ! C'est naturel chez lui.
C'est quand même un sacré bonhomme ce Belge.
Mais rien n'est perdu : "C'est un rallye terriblement éprouvant mais qui offre un spectacle grandiose". Encore faut-il avoir le temps de l'apprécier, n'est-ce pas Claude Brasseur ?

Fidèle à sa tradition, Jacky Ickx est au départ des 24 heures du Mans 1982 qui fêtent leur 50e anniversaire. Une 6e victoire pour le pilote Belge, personne n'en parle, car personne n'en serait étonné.
Cette édition est placée sous le signe de l'économie. Ickx et Bell, sur leur Porsche 956, vont défier le règlement en parcourant 76 km de plus que l'année précédente, tout en consommant 100 litres de moins de carburant que ce qu'autorisait le règlement. Bravo à eux, mais aussi à Porsche pour ces progrès technologiques. L'usine profite également de l'occasion pour réaliser un tiercé spectaculaire.
Jacky Ickx est maintenant, et tout seul, le recordman absolu des victoires Mancelles.

Chose promise, chose due, et au volant d'un Mercedes 280 GE, Jacky Ickx et Claude Brasseur s'alignent au départ du 4e rallye raid Paris-Dakar.

Il a appris, réfléchi, étudié, il s'est entraîné, et avant l'embarquement à Sète, après deux prologues "publicitaires", il est 19e avec une voiture en parfait état de fraîcheur. Les "renards" de l'Afrique ont gardé leurs crocs pour les étapes de désert. Pourtant, la 2e étape voit du grand Vic Elford (lui aussi un homme de circuits). Jacky se retrouve à la 5e place. La 3e étape (la 1re du désert) donne l'occasion à Jacky de grignoter une place. Enfin, Timeiaouine l'accueille en tête de la caravane. Nous sommes à la moitié du rallye avec toujours Ickx en tête, mais à Gao, ce n'est pas la même musique. Il a raté un contrôle et a écopé de 5 heures de pénalisation. C'est l'événement du rallye : "on n'a jamais trouvé le Y à gauche, on a raté le contrôle tampon, ça nous fait 5 heures de plus... c'est cuit".
Une journée de repos et c'est un Jacky Ickx déchaîné qui s'adjuge l'étape Gao-Mopti. Il n'a plus rien à perdre si ce n'est de prouver sa combativité et son brio. Survolant littéralement tous ses adversaires il inflige à Briavoine la bagatelle de 46' en 538 km... sans commentaire.
Ce n'est pas pour ça qu'il a le moral ; "Mon retard est insurmontable, c'est grotesque". Le lendemain, c'est une étape marathon de deux jours. Dans la première spéciale, il dépose les autres concurrents loin, très loin derrière lui. Alors que tout le monde souffle un peu, Jacky enchaîne sur la liaison aussi sec, sans s'arrêter. Quel vieux renard, il sait très bien que la moyenne diminue quand la nuit tombe, mais aussi, et surtout, que la voiture souffre beaucoup moins de la chaleur (et oui, à elle aussi il faut y penser). On croirait qu'il a fait des rallyes raids toute sa vie. Dans l'affaire, 28' gagnées. En homme avisé, il a été le seul à emporter assez d'essence pour ne pas avoir à faire la queue devant la pompe.
Si ce n'est pas de la tactique de course, qu'est ce que c'est ? Le voilà du coup remonté à la 11e place (de la 40e). On repart de Gao pour la dernière partie et, chaude alerte pour les frères Marreau qui perdent 24'sur le 1er de l'étape qui est bien évidemment un Jacky Ickx, dont sa remontée, est tous les jours, un peu plus époustouflante.
Encore une étape de gagnée et le voilà 7e.
Mais la chance tourne : Niono - Nioro, l'étape la plus dure. Jacky ne sent pas la voiture, il se perd, il s'énerve, et pour finir, s'encastre sous l'auto de Lartigue. On répare quand même, mais "ras le bol". Les chances de victoire s'envolent définitivement. Peu importe, on accélère de plus belle, la voiture danse, rebondit, le volant échappe, la carrosserie tape, se couche, c'est le risque du tonneau permanent. Jacky vole et s'amuse. Il va en être ainsi jusqu'à la fin du rallye. La veille de l'arrivée, il tombe dans un trou qui immobilise brutalement son Mercedes.
C'est enfin le grand jour. Ickx est encore une fois le plus rapide. A la suite de son accident de la veille, il cache sa douleur et sa minerve sous un grand turban. Quelle légance et quel panache !
Cinquième au classement général ne reflète nullement sa course.
Beaucoup sont ceux qui se souviendront d'avantage de ce "facteur du désert" pour l'avoir vu sauter de bosse en bosse, pour l'avoir vu échapper ou dominer les pièges de la jungle africaine, mais peu se souviendront de sa position finale.
Pour une fois, le souvenir est réel et pas seulement mathématique, enfin.

Vainqueur moral sans contestation, quel talent "ce" Jacky Ickx.

 

On tourne la page

Monsieur le Mans

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