En Formule 2, Ken Tyrell fait toujours confiance à Jacky Ickx. Nous sommes en 1967. Jacky Ickx va signer deux performances exceptionnelles qui vont le propulser au premier rang mondial. A Zandvoort, il pulvérise le record du tour F1 détenu par Jim Clark et remporte le grand prix de F2. Au Nürburgring, c'est l'apothéose. Les F1 et F2 vont courir en même temps le Grand Prix. Aux essais, Jacky établi le 3e temps absolu. Noyé dans le peloton de tête, il fait une course qui parait être le récit imaginatif d'un journaliste tellement son exhibition est incroyable : "Ce type est fou, ce n'est pas possible d'aller aussi vite, de battre des F1 avec une F2 !". Jacky explique sa performance : "En fait, cela était dû à ma grande connaissance du Nürburgring acquise lors du Marathon de la Route. La Matra était la voiture de pointe, et un circuit aussi dur que le Ring de l'époque, tordu, bosselé, avec beaucoup de sauts, avantageait une voiture aussi maniable. L'expérience de Ken Tyrell m'a été précieuse". Trop modeste Monsieur, et le talent alors ?

Dans le 13e tour, la rupture du bras de suspension provoque l'abandon de la Formule 2. Ce jeune loup de Jacky Ickx ne se serait pas gêné pour dévorer toutes les Formules 1. Cette course va lui valoir toute une foule de propositions et le titre de "Roi du Nürburgring".
En Formule 2, Jacky ne s'arrête pas en si bon chemin. Il remporte les Grand Prix de Zandvoort, Crystal Palace, Mallory Parc, Vallelunga, et pour couronner sa régularité, devient Champion d'Europe de Formule 2.
En Formule 1, Enzo Ferrari le contacte. Pour son premier Grand Prix, en Italie, Jacky choisit de conduire une Cooper Maserati et après une sage course sans encombre il termine 6e et marque donc son premier point au Championnat du Monde. Aux Etats-Unis, il abandonne.
En Sport, sous les couleurs de John Wyer, il impose, sous un véritable déluge, la Mirage Ford aux 1000 km de Spa et récidive aux 9 heures de Kyalami, au Grand Prix de Suède et aux 1000 km de Paris.

Depuis la course de côte de La Roche, nous avions passé trois années au cours desquelles Jacky avait participé à quelques courses de tourisme. Nous venons de voir qu'à 22 ans, il n'avait aucune peine à se mettre en avant, même avec les plus grosses voitures du plateau international. Sans aucun doute, cette année 1967, situe déjà très haut le niveau de ce jeune pilote.
Nous sommes en 1968, et Jacky signe chez Ferrari en Formule 1. En sport, il reste fidèle à John Wyer, et, au volant de la superbe GT40, il remporte, avec Brian Redman, les 6 Heures de Brands Hatch et les 1000 km de Spa. Avec Lucien Bianchi les 9 heures de Watkins Glen et avec David Hobbs les 9 heures de Kyalami.
Sa véritable première saison en Formule 1 va se solder par une 4e place au classement final, reflet d'une régularité parfaite. Il termine deux fois en 4e position, 3 fois en 3e position, remporte le Grand Prix de France à Rouen, abandonne 3 fois, part 2 fois en première ligne et s'attribue la pôle position au Grand Prix d'Allemagne. Sous le déluge de Rouen, Jacky Ickx enlève donc sa première victoire en Grand Prix. La chance, l'adresse, le talent ? Jacky nous explique en partie son succès : "J'ai fait du trial en hiver durant cinq saisons. Ce sport se pratique sur la neige, le verglas, la boue, ça glisse toujours. Ca a développé en moi la technique de l'adhérence. Une moto de trial se pilote avec des doigts de velours, une douceur infinie. De plus j'avais eu le réflexe de vouloir monter des pneus intermédiaires alors que tout le monde partait avec des pneus sec. La pluie s'est déclenchée dès le départ, et
j'ai gagné pour n'avoir commis aucune faute."

Après, entre autre, cette victoire sur sol mouillé, Jacky Ickx va être considéré comme un spécialiste, un adversaire redoutable, et redouté sous la pluie. Au Grand Prix du Canada, il est accidenté à la suite d'un blocage de l'accélérateur et se casse la jambe.
Enzo Ferrari croit ferme en cette nouvelle recrue et en veut l'exclusivité. Jacky, au contraire veut une semi-liberté.
En 1969 il passe chez Brabham. Transfert qui va lui valoir une fort brillante saison, qui faillit le conduire tout droit au Titre mondial. Malheureusement il n'est pas facile d'être 2e pilote chez Brabham, et dès que Sir "Old
Jack" fut remis de son accident, Ickx récupéra sa voiture et ne put faire progresser le capital de points qu'il avait obtenu avec la voiture du patron.
Il remportera deux épreuves, Canada et Allemagne, et termine au 2e rang Mondial. Encore un nouvel exploit à mettre à son actif au Grand Prix d'Allemagne disputé sur le circuit du Nürburgring (on s'en serait douté!).
Premier tour, Stewart, Siffert, Rindt, et Ickx à 4'2". Troisième tour, avec sa voiture encore alourdie par des réservoirs pratiquement pleins, il baisse une première fois le record du tour en 7'45 " 9. Il revient comme une bombe dans les roues de Stewart sans s'apercevoir qu'il s'est débarrassé de Rindt et de Siffert. Les deux voitures ne cessent leur chassé croisé tout au long des 22,810 Km de ce mythique circuit. C'est au cours du 7e tour que Jacky va prendre définitivement l'avantage. Pour cela il pulvérise une dernière fois le record du tour en 7'43"8 (contre 9'36" réalisé par Stewart l'année précédente). Au 12e des 14 tours de l'épreuve le suspense perd de son intensité puisque Stewart, aux prises avec une boite de vitesses défaillante n'arrive pas à suivre le rythme de Ickx.
Nous voilà rendu avec un superbe podium de "seigneurs" puisque Bruce McLaren se joint aux deux Jacky sur la troisième marche.


En Sport, John Wyer poursuit le développement des Mirages. Ickx l'impose à Imola. Il récidive aux 12 heures de Sebring et aux 24 heures du Mans avec Jacky Oliver au volant de la GT40. Au Mans, Jacky inscrit à tout jamais une des plus belles et des plus palpitante fin de course de toute l'histoire des 24 heures. Jacky Ickx devient LE pilote que tous les directeurs d'écuries souhaitent avoir dans leur équipe.
1970, Chris Amon quitte Ferrari et El Commandatore contacte Jacky, il signe en qualité de premier pilote. Il participe quand même à quelques courses de Formule 2 pour le compte de BMW et remporte Salzburg et Tullen.
En Sport les Ferrari 512S, puis M, ne peuvent rien contre les Porsche 917.
Une victoire aux 9 heures de Kyalami avec Ignacio Giunti, une troisième place aux 24 heures de Daytona, une deuxième place aux 1000 Km de Spa et le reste de la saison, Porsche... Porsche, sur toute la ligne. Au 24 heures du Mans, une défaillance du système de freinage et c'est l'accident au virage Ford.
En Formule 1, la Ferrari 312B est au mieux de sa forme. La saison débute pourtant bien mal. A Jarama à l'occasion du Grand Prix d'Espagne, nous sommes dans le premier tour lorsque Jackie Oliver casse un porte fusée sur sa BRM.
Il percute latéralement la Ferrari qui s'enflamme aussitôt. Ickx est coincé dans la coque déformée par le choc. D'une main il essaye de déclencher son harnais, mais en vain. La voiture est maintenant transformée en brasier. Au bord de
l'asphyxie Jacky est en train de perdre force et courage. Personne ne peu lui venir en aide. Il est prêt à abandonner cette lutte atroce, lorsque enfin, dans une ultime seconde d'espoir, le harnais se déclenche enfin. Fort heureusement Jacky peut s'extraire de la Ferrari. Brûlé au second degré un peu partout sur le corps, Jacky pense déjà à la prochaine course. C'est bon signe, mais... il a eu chaud! (passez moi l'expression).

|

|
Pour ma part j'ai encore gravé dans ma mémoire ces interminables instants que j'aimerais, si vous le permettez, vous raconter puisque je les ai réellement vécus sous forme d'anecdote (si on peut l'appeler comme ça, vu les circonstances). A cette époque là, les Grand Prix n'étaient pas télévisés comme de nos jours, mais certains grands événements étaient retransmis à la radio. Ce jour là, avec mon cousin Aimé, nous étions dans son garage en train de fabriquer un bar tournant, avec un petit fût à vin. La radio clouée à l'oreille c'est bouche baie que j'écoutais les commentaires du départ : "Juste après les stands un nuage de fumée s'élève... il semblerait qu'il y a eu un accident...nous allons attendre le premier passage. Ickx et Oliver ne passent pas... effectivement les deux voitures se sont accrochées. Oliver est sorti de sa voiture mais Ickx est toujours prisonnier des flammes". Me voilà tous frissons, je laisse tomber les outils, et, le cur serré me précipite au fond du garage avec ma radio, sur l'oreille, volume maximum. "La situation devient inquiétante, car de là où nous sommes, nous pouvons apercevoir les flammes s'élever de la piste... la course n'est pas interrompue... Ickx est toujours coincé dans la voiture... " Les minutes qui passaient et, sans nouvelles de Jacky, me voilà qui tombe en larmes. Mon cousin arrive :
- Qu'est ce qu'il y a, tu pleure ? - Non, je me suis mis de la sciure dans les yeux. - Tu ne pouvais pas te mettre de la sciure ! Tu étais en train de percer du fer ! - Mais si, mais si. - Bon allez viens m'aider.
- Mais tu ne comprends pas, Jacky Ickx est en train de mourir ! - Mais, il ne peut pas mourir puisque tu n'arrête pas de nous rabâcher que c'est le plus fort ! Tu auras des nouvelles ce soir. Des nouvelles rassurantes sont tombées à mon plus grand soulagement. La suite, on la connaît. J'aurais réagit pareillement pour tout autre pilote, mais déjà Jacky Ickx m'avait mis la main dessus, j'étais "amoureux" du Belge.
Il va reprendre la compétition très vite et mettre tout en uvre pour rattraper le temps perdu. Avec Jochen Rindt ils vont se livrer des duels sans merci apportant un suspense tout à fait attrayant en cette saison 1970. Au Grand Prix d'Allemagne qui se dispute à Hockenheim, ils offrent aux 140.000 spectateurs un respectueux combat de tout premier ordre. Ils se disputent la position de leader tous les deux ou trois tours à l'avantage d'une accélération
foudroyante ou au terme d'un freinage capable de couper le souffle au plus courageux d'entre nous. A trois tours de la fin la Ferrari s'épuise, Rindt remporte le Grand Prix.

Au fur et à mesure que les Grands Prix se déroulent, nos deux voltigeurs nous habituent à assister à de brillantes démonstrations de leur pilotage. Jusqu'au jour où le Grand Prix d'Italie se met en travers de leur route. Jochen Rindt y
trouve la mort durant les essais.
Si Ickx veut être Champion du Monde, il doit remporter les trois dernières épreuves. Il en remportera deux (réalisant avec Clay Reggazzoni les 2e et 3e doublés Ferrari de la saison, après l'Autriche). Aux Etats-Unis, il termine 4e. Il ne sera pas Champion du Monde, mais mieux en valait-il ainsi, car Jochen n'avait pas pu défendre sa couronne jusqu'au bout. Après tout, Jacky Ickx sans couronne, cela nous rappelle un certain Stirling Moss ?
En Formule 1, la saison 1971 s'annonce plus que prometteuse puisque Jacky Ickx avec la merveilleuse Ferrari B2 s'affiche comme l'homme à battre. Rien de tout cela ne se réalisera puisque cette nouvelle monture s'avérera être un fiasco total, bourrée de problèmes mécaniques. Le talent aidant, Jacky figure souvent dans les pelotons de tête, mais c'est surtout la mécanique qui l'emporte et la saison se solde par une cascade d'abandons. Heureusement la pluie fait son apparition au Grand Prix des Pays-Bas, et Jacky va être récompensé de tous ses échecs jusqu'à lors accumulés. La piste détrempée permet à Ickx de confirmer au grand public sa maîtrise de pilotage sous la pluie. Il remporte donc le seul Grand Prix de la saison avec en consolation, pôle position et record du tour à son actif. Seuls Pedro Rodriguez et sa BRM parviendront à rester dans la sillage de la Ferrari. Au Mémorial Jochen Rindt, une victoire hors championnat vient enrichir son palmarès. Nous assistons d'ailleurs à une surprenante domination de la Ferrari.
En Sport c'est la répétition. La barquette 312 PB s'avérerait être une arme redoutable aux mains de Ickx et de Reggazzoni. La domination de la barquette est stupéfiante sur la quasi-totalité de la course, et puis, c'est la panne stupide, l'abandon. La seule bonne note de la saison, une 2e place à Brands Hatch. Une performance exceptionnelle de Jacky au Nürburgring (on s'en serait douté) ou il se permet de prendre une minute par tour à la Porsche de Gérard Larousse. L'abandon sera encore au rendez-vous.
Nous sommes en 1972 et la Ferrari 312 B2 paraît au point, mais nous verrons qu'un manque de fiabilité jouera à nouveau plusieurs mauvais tours à Jacky. Grand Prix d'Angleterre à Brands Hatch : c'est course gagnée, il mène à son rythme depuis le départ. Sa domination est irréprochable il n'a pas été inquiété un seul instant. Deux tours et c'est l'arrivée... Une fuite d'huile et c'est l'abandon. Emerson Fittipaldi ajoute 9 points de plus à son tableau de chasse. Grand Prix d'Italie, on prend les mêmes et on recommence. Cette fois c'est à 15 tours de la fin de course que Ickx est privé de la victoire. Etats-Unis, il lutte pour la deuxième place avec François Cevert; des ennuis d'allumage et il dégringole à la 5e place. Il se voit quand même récompensé de ses efforts par une 3e place en
Argentine et une 2e place en Espagne. A Monaco, une pluie diluvienne accueille les concurrents tout au long des essais et bien sûr, de la course. Qui dit pluie, dit Jacky Ickx. Sa Ferrari marche bien et c'est sans problème qu'il décroche la pôle position avec une seconde d'avance sur Fittipaldi. Derrière eux notre Champion National Jean-Pierre Beltoise qui ne nous avait jamais habitués à une aussi bonne place en Grand Prix. Il est en temps réel à deux secondes
de Ickx qui, de part sa position, voit grimper sa côte d'une façon vertigineuse. Avec le chrono qu'il a réalisé et le temps qui fait, puisqu'il en faut un devant, ça ne peut être que lui. On l'imagine déjà félicité par le Prince Rainier. Cinq secondes et c'est le départ. Spectateurs et téléspectateurs (comme moi) n'ont d'yeux que pour la n° 6 rouge. Mauvais départ, certainement pas, excès de confiance, certainement, toujours est-il que lorsque la n° 6 vire à Sainte Dévote, Beltoise, Reggazzoni, et Fittipaldi le précèdent. Jacky Ickx s'est donc fait enfermer. Au 5e tour, Reggazzoni et Fittipaldi prennent l'échappatoire et Jacky se retrouve 2e. L'instant que tout le monde attendait. On s'apprête donc à assister à la remonter de Ickx qui après quelques tours de bagarre avec Beltoise ne va en faire qu'une bouchée de pain. Mais ce duel n'aura pas lieu. C'était sans compter sur la détermination de Beltoise, et surtout, sur les conditions climatiques épouvantables, du jamais vu et véridique : tous les pilotes sont allés à la faute sauf deux : Beltoise et Ickx. Les deux voitures vont rester comme soudées l'une à l'autre. Jean Pierre ne pourra pas aller plus vite, et si Jacky le pouvait, la visibilité est tellement épouvantable qu'il ne pourrait le doubler. Jacky a sous estimé son adversaire et a commis la faute de ne pas l'avoir attaqué dès le départ. Jean Pierre Beltoise remporte donc le premier Grand Prix de sa carrière et se paye le luxe de détrôner Jacky Ickx de son titre de "Roi de la Pluie". C'est tout à son honneur. Piqué au vif, Jacky attend la revanche sur Son terrain, là où il a appris à se battre, à faire connaître ses capacités et à les concrétiser. Un Nürburgring sans Ickx, ce n'est pas un Grand Prix d'Allemagne. Les connaisseurs le savent et s'y entassent à près de 240.000 tout au long des 22,810 Km du plus beau circuit du monde. Jacky signe le meilleur temps des essais, et, comme s'il voulait fuir ses camarades, le feu mis au vert, s'éloigne comme un boulet de canon pour prendre en moyenne quatre secondes par tour à ses poursuivants. Fantastique victoire qui le récompense d'une saison somme toute décourageante. Peu de points acquis, mais du spectacle garanti.

Pour se changer les idées, il participe aux Coupes de Spa afin d'entretenir ses "relations" avec son autre circuit favori. Au volant d'une BMW il remporte la course et établi un nouveau record du tour en quatre minutes jute.
En Sport, les échecs enregistrés la saison précédente semblent avoir porté leurs fruits (heureusement que ce n'est pas comme en Formule 1). Le championnat comporte onze épreuves. Ferrari s'aligne au départ de dix et les remporte toutes. Sept doublés et un quarté, c'est devenu un véritable monopole Ickx/312 PB, puisque Jacky s'adjuge pas moins de six victoires à lui tout seul, en compagnie de Reggazzoni ou Andretti. Même à la Targa Florio les barquettes sont engagées et Arturo Merzario en compagnie de Sandro Munari remportent l'épreuve, se défiant de la présence de quatre Alfa
Roméo engagées.
Si l'équipe Matra ne s'était accordée qu'une seule course en 1972 (les 24 heures du Mans remportées par Pescarolo et Larousse), elle participe à la totalité des épreuves du Championnat 1973. Sa régularité lui permet de remporter le Titre. Les bagarres les plus âpres opposent Ickx à Pescarolo où à Cevert, mais ce sont les Français qui auront le plus souvent gain de cause. Jacky sort le grand jeu aux 1000 Km de Monza, et, on s'en serait douté, aux 1000 Km du Nürburgring. Sa participation à la Targa Florio passe inaperçue (pas pour moi, car c'était pratiquement une épreuve de rallye et le fait de s'aligner au départ avec une barquette, démontre les capacités du pilote ... et, faut voir la suite). Durant les trois premiers tours, il résiste à l'envolée de l'Alfa Roméo de Rolf Stommelen. Il se maintient à la seconde place à seulement 1'43". Mais les routes de Sicile sont bourrées de pièges, et, à la sortie d'un virage délicat, un rocher, dissimulé derrière un magnifique bouquet de fleurs, stoppe net la course de la Ferrari. Jacky était quand même deuxième!

En Formule 1, on ne saura pas dire si l'arrivée de la nouvelle B3 a jeté un sort maudit au sein de la Scuderia, toujours est-il que Reggazzoni passe chez BRM et que Ickx quittera à son tour l'écurie en plein milieu de la saison.
Une 6e, une 2e, une 5e et une 4e place en huit Grands Prix, Jacky a vu pire, pourtant cette fois c'est fini. Il envoie un télégramme à Monsieur Ferrari pour lui annoncer qu'il venait de prendre la décision de ne plus courir pour lui. Au Grand Prix d'Allemagne les spectateurs veulent Ickx, et, Ickx veut courir. Il
souhaiterait bien décrocher une 3e victoire sur son terrain. McLaren lui prête une voiture de réserve. Ce n'est pas un cadeau, il faut le reconnaître : ennuis de pneus, moteur poussif, survirage... La lutte n'était pas tout à fait équitable mais c'est la loi du sport. Malgré tout son talent et tous les efforts qu'il déploie, il ne peut terminer que 3e derrière le doublé Tyrell : Stewart - Cevert. Les deux Jacky avaient demandé le maximum à leurs machines et leur 1e ou 3e place ne représentaient en fait qu'un résultat algébrique, tellement leur courses furent calquées l'une sur l'autre.
Un magazine spécialisé avait même écrit : "Ils se produisent le visage masqué par une cagoule et un casque intégral. Lorsqu'ils sont coulés dans leur habitacle, on ne les reconnaît plus qu'à la décoration particulière de leur home, quand leur nom n'est pas inscrit dessus. Mais que Ickx et Stewart échangent leurs casques, et aucun observateur même le plus averti ne discernera la supercherie".

|