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CAP SUR "LE CAP"

Le Paris-Dakar fait peau neuve.
L'arrivée 1992 ne se fera plus sur le Lac Rose, mais au Cap, le point le plus au sud du continent Africain. Ce sont 12.000 km d'itinéraires inédits que vont parcourir les concurrents.

A la suite de son accident tragique des Pharaons, Citroën, demande timidement à Jacky Ickx de se remettre dans la course. Il accepte courageusement mais, on le comprend, il ne partira pas dans le meilleur état d'esprit. Dominique Lemoyne sera son copilote.
Citroën aligne donc, Ickx, Vatanen, Waldegard, Ambrosino et Pierre Lartigue, le petit nouveau.
Mitsubishi est représentée par Shinosuka, Saby, Hubert Auriol et Weber. Quant à Servia, il prendra le départ sur une Lada privée.
La première étape voit le succès de Auriol. Ickx est 5e à 8'.
Waldegard remporte la 2e spéciale avec 55'13" d'avance sur Jacky Ickx. Auriol s'égare. Vatanen perd 2h20'sur bris de transmissions. Nous avons donc, après trois jours de course la Lada de Servia en tête suivie de Ickx à 45'27".

Jusqu'à présent, les étapes de navigation, pure, effrayaient les concurrents. Ils s'élançaient vers la spéciale, le visage "tendu" et les mains hésitantes, dans l'inquiétude de perdre sa piste, et par conséquent, de perdre des précieuses minutes. Ces types d'étapes ont toujours été les responsables de véritables hécatombes, de mises, hors course ou tout simplement, de bouleversements au classement général.
Pourtant, cette année, sur la ligne de départ, sourire aux lèvres, chacun sifflote son petit air préféré. C'est la détente complète, alors que les pilotes et navigateurs ont devant eux, 564 km d'inconnue.
Le secret de cette attitude ? Ce n'est autre que la présence de cette petite boite noire qu'il a été admis cette année d'installer sur le tableau de bord de la voiture.
Véritable machine électronique, le "GPS" est en contact permanent avec trois satellites, et donne avec exactitude, la position du véhicule. On "couche" les données sur une carte et on sait où l'on est. Même mieux, le soir, au bivouac, on programme différents points du parcours du lendemain, et le GPS vous donne en permanence le bon cap à suivre.
"C'est très rassurant car on ne peut plus se perdre", nous explique Jacky Ickx.
Il a bien raison le Belge. Mais quand ça tombe en panne ? Qu'est ce qu'on devient ? Demandons à Jacky : "Mon GPS est tombé en panne à la suite d'un court circuit, et j'ai perdu 1h30 dans la spéciale. C'est bien".

Le lendemain, 520 km de rocaille ne sont pas là pour améliorer les affaires de Citroën, puisque les quatre voitures n'accusent pas moins de dix crevaisons. Trois pour Jacky à lui tout seul, et encore, heureusement pour lui qu'il avait emporté trois roues de secours, mais le voilà tout de même à 3h30 de Hubert Auriol, après seulement 4 spéciales.
Ce n'est pas fini. La 5e spéciale déroute complètement les Citroën qui finissent toutes à plus d'une heure des Mitsubishi. Vatanen n'est pas habitué à galérer de la sorte : "Je suis frappé par la malchance. Cette année, je fais un Dakar comme le vivent habituellement la plupart des concurrents... avec des pépins. Je n'y suis pas habitué ! ".

L'étape du 1er janvier est annulée. C'est pour fêter les 47 ans de Jacky Ickx ? Non, tout simplement pour éviter des troubles guerriers en terres Tchadiennes. Après ce repos forcé, les Citroën galérent toute la journée, et si Ickx est le mieux placé des "Jaunes", il est tout de même à 30' du vainqueur de l'étape. La compétition entre écuries va en rester là.

Nous sommes en pays de Centre Afrique. Les pistes sont rares, étroites et poussiéreuses. Le tracé du rallye, ne peut que passer par-là, pour se rendre au Cap. Sans un arrêt volontaire ou forcé de la voiture rattrapée, les dépassements sont impossibles. Si le pilote rattrapé ne veux pas vous laisser passer, vous en resterez là. Les Mitsubishi sont conscients du problème ou de l'avantage ! Pour économiser la mécanique, et gagner du temps, elles lèvent le pied. Tous les poursuivants vont venir "buter" dessus, sans pouvoir les dépasser. C'est ainsi, qu'en fin de spéciale, c'est un véritable petit train qui sillonne la végétation équatoriale, sans qu'un seul wagon ne puisse s'en détacher.

Citroën a beaucoup investi dans les voitures de Ickx et Waldegard, qui ont été spécialement étudiées pour les bourbiers de la traversée Equatoriale. Et nous y voilà ! La route du rallye se trouve précisément coupée par un gué en crue. Les premiers arrivés buttent sur l'obstacle et, petit à petit, derrière ça bouchonne. Arrivent les Citroën, qui jettent un coup d'œil, et qui bien sûr se frottent les mains. Ickx et Waldegard, au moins, s'apprêtent à faire usage de leurs "armes". Cette situation peut être un retournement de situation dans le rallye, car admettons que seul Waldegard, s'échappe, il peut encore espérer la victoire.
Les premiers ont compris le danger et appellent l'organisateur. Waldegard avance au bord du guet, impatient de tremper ses roues, mais l'organisateur le stoppe : La spéciale est annulée.

Déception évidente chez les "Jaunes" : "Depuis le Tchad, les voitures se suivent sans pouvoir se dépasser dans la poussière. Pour en arriver à neutraliser le rallye pour un guet qui déborde, ça se termine vraiment en eau de boudin ! " s'écrie Guy Fréquelin, le patron de Citroën.

Jacky Ickx montrera le bout de son nez en terminant 2e derrière Servia sur la Lada, au terme d'une spéciale très sélective qui s'est déroulée en plein milieu d'une réserve d'animaux sauvages. Ce jour là, il n'y a pas eu d'abandon car la consigne était unique : en panne sur la piste = "repas de fête pour les fauves".
On reprend le même style de pistes de quelques jours auparavant, et trois jours durant, aucune évolution ne se produira au classement général.
"La perspective de rouler en convois n'enchante plus grand monde. Puisque nous devons aller au Cap, allons-y, mais je vais en profiter pour visiter des régions où je n'aurais sûrement pas l'occasion d'y revenir de sitôt". explique Jacky Ickx. Il se classera 4e des 103 derniers kilomètres.

Au classement général il termine 6e à 4h 08'du vainqueur, Hubert Auriol sur Mitsubishi.

"Il n'y a pas eu de course depuis que nous avons quitté le Tchad le 3 janvier. Cela signifie qu'il y a eu 9 jours de course, dans une épreuve de 25 jours. C'est ridicule. Comparé au "Dakar", cette épreuve est en régression totale", poursuit Jacky Ickx.
Avec encore en tête, le film récent du tragique accident des Pharaons, sans aucune motivation, sans combativité, Jacky Ickx aura remplit son contrat : amener la voiture au Cap.

 

Pharaons maudits

Si l'on causait un peu

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