Le Paris-Dakar fait peau neuve. L'arrivée 1992 ne se fera plus sur le Lac Rose, mais au Cap, le point le plus au sud du continent Africain. Ce sont 12.000 km d'itinéraires inédits que vont parcourir les concurrents. A la suite de son accident tragique des Pharaons, Citroën, demande timidement à Jacky Ickx de se remettre dans la course. Il accepte courageusement mais, on le comprend, il ne partira pas dans le meilleur état d'esprit. Dominique Lemoyne sera son copilote. Jusqu'à présent, les étapes de navigation, pure, effrayaient les concurrents. Ils s'élançaient vers la spéciale, le visage "tendu" et les mains hésitantes, dans l'inquiétude de perdre sa piste, et par conséquent, de perdre des précieuses minutes. Ces types d'étapes ont toujours été les responsables de véritables hécatombes, de mises, hors course ou tout simplement, de bouleversements au classement général. Le lendemain, 520 km de rocaille ne sont pas là pour améliorer les affaires de Citroën, puisque les quatre voitures n'accusent pas moins de dix crevaisons. Trois pour Jacky à lui tout seul, et encore, heureusement pour lui qu'il avait emporté trois roues de secours, mais le voilà tout de même à 3h30 de Hubert Auriol, après seulement 4 spéciales. L'étape du 1er janvier est annulée. C'est pour fêter les 47 ans de Jacky Ickx ? Non, tout simplement pour éviter des troubles guerriers en terres Tchadiennes. Après ce repos forcé, les Citroën galérent toute la journée, et si Ickx est le mieux placé des "Jaunes", il est tout de même à 30' du vainqueur de l'étape. La compétition entre écuries va en rester là. Nous sommes en pays de Centre Afrique. Les pistes sont rares, étroites et poussiéreuses. Le tracé du rallye, ne peut que passer par-là, pour se rendre au Cap. Sans un arrêt volontaire ou forcé de la voiture rattrapée, les dépassements sont impossibles. Si le pilote rattrapé ne veux pas vous laisser passer, vous en resterez là. Les Mitsubishi sont conscients du problème ou de l'avantage ! Pour économiser la mécanique, et gagner du temps, elles lèvent le pied. Tous les poursuivants vont venir "buter" dessus, sans pouvoir les dépasser. C'est ainsi, qu'en fin de spéciale, c'est un véritable petit train qui sillonne la végétation équatoriale, sans qu'un seul wagon ne puisse s'en détacher. Citroën a beaucoup investi dans les voitures de Ickx et Waldegard, qui ont été spécialement étudiées pour les bourbiers de la traversée Equatoriale. Et nous y voilà ! La route du rallye se trouve précisément coupée par un gué en crue. Les premiers arrivés buttent sur l'obstacle et, petit à petit, derrière ça bouchonne. Arrivent les Citroën, qui jettent un coup d'il, et qui bien sûr se frottent les mains. Ickx et Waldegard, au moins, s'apprêtent à faire usage de leurs "armes". Cette situation peut être un retournement de situation dans le rallye, car admettons que seul Waldegard, s'échappe, il peut encore espérer la victoire. Déception évidente chez les "Jaunes" : "Depuis le Tchad, les voitures se suivent sans pouvoir se dépasser dans la poussière. Pour en arriver à neutraliser le rallye pour un guet qui déborde, ça se termine vraiment en eau de boudin ! " s'écrie Guy Fréquelin, le patron de Citroën. Jacky Ickx montrera le bout de son nez en terminant 2e derrière Servia sur la Lada, au terme d'une spéciale très sélective qui s'est déroulée en plein milieu d'une réserve d'animaux sauvages. Ce jour là, il n'y a pas eu d'abandon car la consigne était unique : en panne sur la piste = "repas de fête pour les fauves". Au classement général il termine 6e à 4h 08'du vainqueur, Hubert Auriol sur Mitsubishi. "Il n'y a pas eu de course depuis que nous avons quitté le Tchad le 3 janvier. Cela signifie qu'il y a eu 9 jours de course, dans une épreuve de 25 jours. C'est ridicule. Comparé au "Dakar", cette épreuve est en régression totale", poursuit Jacky Ickx.
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